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L'Erotisme ?

Pour le Lettré authentique qui a l’intelligence de la langue française, il n’est point nécessaire de longs discours pour expliquer le sens du mot «Érotisme» et les implications dans l’être humain ou la société de cette approche particulière de l’existence. Ne suffit-il pas, en effet, de lire consciemment ce mot, la Langue des Oiseaux euphonique et la Hiéroglyphie [1] décryptant sans hésitation: «L’humain coupe ou dirige le déploiement naturel de l’Énergie qui l’anime»? Ou, plus simplement: L’Humain maîtrise la vie en son existence…

Pour le Dodécalogue authentique [2] qui, hors de tout jugement de valeur, sait, par la Transdisciplinarité subséquente, percevoir chaque phénomène comme parcelle d’un ensemble éternellement identique à lui-même et historiquement récurrent pour et par l’unité ontologique des habitants de la Terre, ce thème de l’Érotisme ne nécessitera pas de longues dissertations ou recherches. Trouvant sa place dans le canevas des conduits humaines et sa liaison avec les diverses expressions artistiques, cultuelles, les méthodes d’accès au bonheur, etc., il exposera rapidement ses raisons d’être.Tableau dodécalogique

Dans une civilisation nouvellement acculée à recourir au zapping, au clip et à la vision globale, pour ne pas être emportée par le tourbillon de la multiplicité nous simplifierons nous-même cette étude en proposant des clefs et des grilles de compréhension, bases structurelles que le lecteur saura lui-même illustrer des citations, images, concepts qu’il rencontrera autour de lui et en lui.

Nous étudierons:
E: l’Acteur, ROT: son action, I: l’objet de son action, SME: le résultat, la science.

I - L’ACTEUR: E…

A/ L’ÊTRE HUMAIN:
Pour les lecteurs non familiarisés avec Hiéroglyphie et Langue des Oiseaux: E symbolise l’être humain; l’Énergie première, la Force de Vie (I) s’incarne «trivialement» dans l’être E pour trois É-manations naturelles (physique, émotionnelle et mentale).

Lorsque déviées, détournées (d’E) pour des buts «personnels» (inter-faire-E, d’É-cadence) mentaux, cet être est É-puisé. Il a alors recours, pour retrouver sa Source énergétique I (d’I-vine) et ses justes (d’I-rectes) diffusions (d’I) à différentes «conduites»; nous voyons ainsi la place de l’Érotisme dans l’ensemble de ces possibilités.

B/ LES CONDUITES HUMAINES:
Observons en détail les trois conduites les plus «excessives» pour les lecteurs non familiarisés avec le symbolisme transdisciplinaire de la Dodécalogie:Tableau dodécalogique

  1. a) L’ascèse ou la conduite bouchée:

Pour un pur I (purification): suppression du tri-vial-I (barres du E). Les jeûnes, veilles, flagellations, mea-culpa et autres privations de «bien-être», la via negationis de certains cheminements initiatique, le védantisme authentique, le jnana-yoga, le prana-yoga, les interdits des religions, aident à dévitaliser les «accumulateurs» de l’Énergie, d’où elle était déviée pour des buts personnels à courts termes. Les répétitions mantriques, prières, chants sacrés véritables (non sentimentalisés), les danses extatiques, calment les sens ou les intériorisent; passage de E à I, c’est à dire «dépassement» (d’E…) du vieil homme à «nature non réparée», «avide et insatiable», à la «raison altérée» [O] [4]: des états d’être ou d’âme, à la Pureté, l’Esprit Saint, Dieu, le Soi, etc.

Dans l’existence ordinaire, fatigue, obstacles, neuroleptique, alcool, drogues, jouent le même rôle: ils arrêtent les extériorisations (ex-ter) de l’Énergie individualisée (E) pour le retour au Repos, à l’état principiel (I), par la diminution ou la suppression des réactions (ex-pressions, impressions) ou ultimement, par la… dé-pression!

  1. b) la consommation ou la conduite forcée:

Pour IE: renforcement, par mimétisme et conditionnement, du I et du IE (DIEU pour les croyants, le MIEUX pour les autres). Les lectures édifiantes, les bonnes œuvres, les adorations d’idoles, le mimétisme à leur modèle, les répétitions mantriques pour intérioriser un concept, les visualisations, les tracés rituels, rites, drogues, réaniment l’Énergie première (I) non colorée par les individualités (E) mais selon le modèle «naturel» donnés par les Dieux, Héros, Connaissants (IE: l’Homme «parfait», le Jivan Mukta, le Sage, etc.).

Dans l’existence ordinaire: enseignements scolaires, familiaux, médias, excitants divers (idéaux, travail, espoirs), renforcés par littérature, films, drogues licites ou non; dynamisation, non de l’impersonnel, du naturel des enseignements dits «traditionnels», «initiatiques», mais de la norme socio-culturelle, jusqu’à l’Opression (O-pression) conduisant à la Dépression…

  1. c) L’Érotisme ou la conduite a-normale:

I est naturellement dans E, comme Axe: rien de «trivial», donc pas d’ascétisme; rien à renforcer, à rajouter; l’écouter et l’incarner consciemment, jouer avec (jou-I-r).

Chacun trouvera, dans les œuvres de l’Érotisme, les parallèles et les oppositions entre cet Art de vivre et l’Ascèse ou la  Consommation: entre Action et Ré-action.

Citons, pour exemples, l’opposition entre «préjugés, illusions, scrupules, sots, petits esprits» faisant «divorce avec tout» et la  loi suprême, primitive, belle route des ris, des jeux, des grâces et des amours» [O], entre «tranquillité de l’âme», extases espérées et fausses, et extase véritable, celle que «les dévots fanatiques cherchent et croient avoir trouvée quelque fois dans leurs contemplations célestes», entre Culture (Consommation et Ascèse) et Nature («l’état de la Nature, si stable dans son instabilité, prenons-le comme il est, si nous ne pouvons (le) changer» [O]. Ainsi Ignace de Loyola fermait-il «les yeux sur la pédérastie de ses disciples» [O], tandis que «les Chartreux recherchent dans eux-mêmes le plaisir qu’ils ne peuvent pas aller prendre chez les autres», ce afin de ne pas «détraquer la machine», «ruiner tempérament et santé» [N], ne pas «déranger la nature» [G], «les lois de la Nature» [F], Oui! «Les gens qui se disent normaux se feraient peur à eux-mêmes si tous (leurs) fantasmes devenaient réalité» [P]

On comprend que l’érotisation généralisée, dans l’existence quotidienne, qui fit chuter l’intérêt pour la littérature spécialisée (constat télévisé. [5]) est symptomatique du «retour au galop» du naturel chassé, intimement lié à l’affaiblissement des dictatures contrôlant les sens interdits… aux sens! La Dodécalogie, qui expose les étapes cycliques de la Répression, nous aide à situer, psychologiquement et historiquement l’Érotisme: dictature anti-corps (guerre, colonisations), sens interdits (soumission des femmes, moralisme, idées arrêtées, chasses aux hérétiques, bûchers, anti-«sectes»).

Simplifions, tout en explicitant quelque peu:« C’est le cri de la nature qui est la souveraine universelle » s’écrie le Comte de Mirabeau.

O-presssion, donnant É-nervés, esprits É-troits (3), É-cartelés (4), Esquintés (5) fi Observation (Ob-server: être fort face à l’obstacle fi Ré-action contre la réaction (au Naturel, au «Divin», au «Vrai») qu’est la Norme et ses techniques (ascèse, consommation) = Action juste!

Concluons: l’Érotisme est une des voies pour retrouver l’Énergie: voie mentale, philosophique; voyez les titres des classiques de sa littérature: Thérèse Philosophe, La Philosophie dans le Boudoir, l’Éducation de Laure, etc.

 et «l’euphémisme utilisé en France au XVIIIe siècle pour désigner les textes subversifs ou pornographiques»: les «ouvrages philosophiques» [6].

  1. C) QUI CHOISIT LA VOIE DE L’ÉROTISME?

Anaïs Nin «La nature animale de la femme a été si soigneusement déguisée pour éloigner l’homme de son désir».

Se sentant prisonniers des É-dits d’une société d’É-viée, d’un «état immoral par ses obligations» [G], d’un «état d’esclavage et d’abrutissement» dû aux «prêtres» et aux «rois» [L] ou aux normes familiales [P], cet être refuse de d’É-lirer (étymologiquement: sortir du sillon) avec eux; il sent en lui l’appel d’une «force sur-humaine» [I], «une volonté supérieure à la sienne, à la volonté impérieuse d’un désir» [W], qu’il retrouve être le guide d’autres peuples [C]; «mœurs naturelles» [G] [D] «dont il faut louanger Dieu» [H] à l’encontre des «théologiens fourbes et ignorants» qui croient que Dieu n’a pas permis «le plaisir de la chair», n’a pas donné ces passions dans toute la force où elles étaient [N]. Oui! «C’est le cri de la nature qui est la souveraine universelle» s’écrie le Comte de Mirabeau [C]; «la nature toute pure» [O], pas «ce que les sots appellent les lois de la nature» [G]! On le nomme pour cela: LIBERTIN (étymologiquement «fils d’affranchi» assure O. Paz), l’être qui a su s’affranchir de «toute régie, de toute autorité, des disciplines de la foi religieuse» (Dict. Quillet) et que les biens-réglés considèrent comme un déréglé «dans ses moeurs et sa conduite».

Écoutez-le, à longueur d’ouvrages, conspuer «la menteuse éducation» [A], les enseignants qui «coffrent les enfants» [R] de la société «qui a jugé bon de rendre l’amour impossible ou peu s’en faut» [R] et de fabriquer des «âmes craintives aux imbéciles préjugés» [L], pleines de «conventions» [P].

Tableau dodécalogique

La libertine:
Également nommée la «courtisane» (P. Louÿs), la «putain» (Arétin), la «fille de joie» (Cleveland) ou seulement «la première voix de femme» (sur Sapho); une fois l’Érotisme rentré dans les mœurs, c’est une artiste (Anaïs Nin), voire un «Modèle» [S] !... C’est la seule fonction, assure Sade, qui libère des « ois de l’hymen» et de l’asservissement passif aux hommes et remplace la «légère dose de plaisir à attendre» par des «garanties» de bonheur [F]

Tableau dodécalogique

Musset et Louÿs disent également la «tribade», la «Vestale mitigée» [A], disciple de Sapho, l’hétaïre qui «aiguise l’esprit», «donne du plaisir», opposée à «l’épouse» à qui «on fait des enfants» [R]. C’est la Maîtresse, la Reine, la Gouvernante [P], la Directrice [O], la Philosophe [N], celle sui, aspirant à la libération des entraves des sens, s’abandonne activement, devient «chose» et non «objet» (notes à [D]). Émancipation: «les putains pleurent d’un œil et rient de l’autre» explique Arétin. Anaïs Nin explique: «la nature animale de la femme a été si soigneusement déguisée pour éloigner l’homme de son désir» mais certaines, «incapables de tomber amoureuses», se donnent en méprisant les hommes et peuvent «se transformer en animaux» comme les possédés des légendes [S]… D’où la veulerie de certaines [E], [F], [N] correspondant aux fureurs meurtrières de quelques hommes («sadisme»[N], etc.). Où est le Vice, la Vertu [F]? Qu’est le «diable au corps» [E]? «Dérèglement blâmable» [A] ou «Philosophie de bon-sens» [N]? Une question que Xavière, fouettant Belle, formule ainsi: «Votre ambition est-elle de devenir mon paillasson?» [P].

Tableau dodécalogique


Les «victimes», les être utilisés par les Libertins pour mener à bien leur Érotisme, nous révèlent les caractéristiques opposés des êtres qui refusent cette Voie:

II - L’ACTIVITÉ DU LIBERTIN: ROT-I

A/ LE «FEU»: I

Écoutons les Libertins parler de cette Énergie que le Lettré sait déjà brûler tout sur son passage, c’est-à-dire se frayer un chemin à travers les limitations humaines (conduites restrictives de monopolisation pour des fins physique, relationnelle ou mentale) afin de rétablir sa suprématie, son feu continu, ses objectifs à long terme…

Le Libertin a conclu: «Écouter, ne suivre que la voie de la nature» [L], «chercher, sans cette retenue que nous appelons pudeur, les moyens les plus variés, les plus industrieux, les plus sûrs de satisfaire, d’éteindre des feux qui dévorent».

 Le mot «feu» est omniprésent dans la littérature érotique, comme dans le langage amoureux; notons quelques exemples: «Justine me mit en feu» [K], le feu de ses baisers, le feu qu’elles excitaient en lui [L], un feu subtil [D], lave de feu [E]… On s’enflamme, on met en feu, on allume [F] le désir [E], les êtres inflammables [A]; on éveille sous leur peau «l’électricité» [T]; la «femme peut être mise en chaleur» [H].

Avec les moyens physiques: sexe masculin «épée de chair» [P], épieu, lance, flèche [L], dard, frelon, glaive [F], [G], fer rouge [E], fouet [P], cheval de bois [S] et divers godemichets…

Avec des émotions, des disputes intellectuelles ou des enseignements: vision, imitation, contagion, raisonnements [N] et [G] tout particulièrement)… Émerveillement, désordre attendrissant, badinages, agaceries [D], curiosité piquée, sentiments exaltés [B], frustrations, lenteur [H], «l’extase dans laquelle vos paroles m’ont mises» [7].

Le but est la «bataille» [S], l’humiliation, les blessures [D], l’excitation, le défoulement ou le refoulement [P]; «semer le désordre» [U] pour remettre chaque choses à sa place juste (« ta clef dans la serrure, ton pilon dans le portier, le couteau dans la viande » [U] et ouvrir le passage de l’Énergie («sonde dans la plaie, lime dans l’entraille» [U] en détruisant les «raisons» [M], le «désordre d’une raison altérée» [O], en brisant, désincarnant [P]: pour rendre enfant, plus sage [P], neutre [D] et permettre le libre passage de l’Énergie originelle dans un corps enfin réceptif à la «conjonction» [J]. «Je me meurs!» [G]… «Brûlant dès les plus tendres ans d’un feu secret» [A], «le frottement vigoureux m’échauffa et une liqueur brûlante pénétra jusqu’à mes os; je fondais comme une lave ardente» [E]; «un feu subtil se glissa dans mes veines et m’embrasa pour ainsi dire jusques à l’âme» [D].

C’est le «Serpent» [N] réanimé, l’Animal retrouvé [E], la Nature non contrôlée par le mental: «J’ai l’enfer dans l’esprit, j’ai le feu dans le corps» conclut A. de Musset [E] [8].

B/ LE CULTE: ROT

Le mot «culte» employé par d’Aucourt et Sade, est souvent sous-entendu: le libertin se fait des «charmes de sa partenaire», une espèce d’oratoire [A], la «porte du temple», «un autel», pour ses «offrandes» [M], [D] et son «sacrifice» [D]; on évoque «la religion (pratiquée) ensemble» [P], les «retraites libertines» [B], ces «Sociétés secrètes érotiques» qui fleurissent au XVIII° siècle (notes à [A]).

«Le plaisir est sa divinité chérie [M]; son dieu l’Énergie, la Liberté [D] sa Foi. Ce culte du Feu a trois grades (et le Commentateur du Doctorat Impromptu note judicieusement «licences qui s’accumulent jusqu’au grade de docteur»!) qui correspondent, pour la Hiéroglyphie, aux trois lettres de ROT (Air, Eau, Terre) et aux trois lecture de ROT: couper (rompre), conduire (router) et faire tourner (rotation, dérouter, rentrer en soi).

La pratique de l’Érotisme consiste ainsi en la Maîtrise de l’Énergie déviée par le conditionnement «normal», en l’acceptation de ses Pulsions et en la rectification, en soi, de son utilisation.

Par citations, nous illustrerons ce tableau:

Tableau dodécalogique

«Sade a voulu redonner à l’homme civilisé la force de ses instincts primitifs et délivrer l’imagination amoureuse.» (Eluard).

«L’Érotisme, c’est la délectation morose d’un masturbateur, plus intellectuel peut-être que physique». ([G] [H] Préface à P. Louÿs.)

On le voit: processus toujours MENTAL agissant sur les trois plans de l’individu pour manifester trois formes d’Érotisme:

  1. a) Un Érotisme mental:
    Jouir de pouvoir faire jouir les autres, de comprendre le mécanisme de l’Érotisme et de l’utiliser, jusqu’à l’aberration de le traquer chez l’animal [9]!

  2. Photo : Qu’est le « diable au corps » ? Gamiani, Alfred de Musset. b) Un Érotisme relationnel:
    Contrôler la jouissance pour plus de jouissance, jouir de tout, jusque du «toucher des étoffes», du «pied et de la chaussure» [10].

  3. c) Un Érotisme physique:
    Jouir de briser tous les interdits; l’autre est pris comme objet, la sensualité n’est plus «tabou» et tout est permis… Cela conduit parfois au meurtre, comme dans les écrits de Sade, dans le film L’Empire des Sens [11], ou à une thérapie par «électrochoc» des être qui entourent ce Libertin parfait: Le Fou Divin [12].

III - LA SCIENCE (SME) DU LIBERTIN:

L’Érotisme est une des voies pour retrouver l’Énergie.
: binaire réconcilié (pas de manichéisme), : Matrice (création).
: Manifestation Ternaire et quaternaire depuis la bipolarité naturelle de l’Énergie.

Telle est alors l’intégralité de la Manifestation du Libertin: au-delà de «l’amour qui est le propre de l’homme» (Avrel, préface à [R]) et aurait donné le mot EROS-ISME! Au-delà de la dualité humaine âme-corps, intérieur-extérieur: «Alors se rétablit le calme de votre âme» et «l’homme cessera de rentrer en lui-même» [N], de «refuser le réel» (Note à [L])! Au-delà de l’opposition homme-dieu, dans la réalisation du fait que «tout est l’ouvrage de Dieu» [N]. «L’érotisme est l’accomplissement entier de l’amour non plus idéal, mais enfin absolument réel» (Note à A), non plus compensatoire, narcissique, calculateur pour des plaisirs à court termes, mais pour «plaisir et liberté» (Note à [D]), pour et par l’Unification de l’être. Et cependant:

IV - DANGERS DE L’ÉROTISME 

Suivons pour simplifier, les trois types humains: l’Érotisme prendra forme passive (jouissance intellectuelle, art), relationnelle plus ou moins «légère» (Libertinage, gauloiseries, Amour courtois, Jeux érotiques) ou une forme véritablement active jusqu’à la violence (Sadisme ou Masochisme). Voyons, en simplifiant encore, ses conduites extrêmes (Voir tableau ci-contre: Les dangers de l'érotisme).

Tableau dodécalogique

Une autre grille dodécalogique, établie d’aprés les recherches de Kronhusen et Atkins [13] illustre plus largement cette structure de base (Voir tableau ci-dessous: Le sexe dans la littérature).

Tableau dodécalogique

V - CONCLUSION:

 «Beaucoup demeurent captifs indéfiniment dans le piège de la passion érotique (…) l’ivresse du sexe les engloutit: ils «collent» et n’avancent pas au-delà, allant jusqu’aux marécages de l’auto-érotisme» (R. Godel [15]) ; ainsi Pierre Louÿs «sombra dans un délire érotique qui le sépara de tous et qu’il traîna dans diverses maisons de santé» (Note à [R]). Il est si facile de «se perdre dans une volupté métaphysique» (La Mettrie, cité dans [C]), si l’on refuse ou perd la conscience séparative humaine et la «volonté»  d’incarnation. Mirabeau le comprit bien: «Je ne me suis pas élevé de l’amour profane à l’amour divin (…) je suis terrestre» [C]; nous le répétons: ni Éros, ni Agapé, mais Énergie primordiale.

On le comprend: la Voie de l’Érotisme n’est pas sans dangers pour tous les êtres. Elle doit être envisagée non pour la destruction (des tabous, de l’autre, de la société), mais pour la construction; donc par qui n’a pas la mentalité destructrice du «civilisé» (auto-répression, agressivité, bêtise)…

C’est alors «un érotisme rendant la santé», protégeant de «l’érotomanie», de la «débauche», et par conséquent ne troublant pas «l’intérieur de la société établie» [N].

Mais certains le pratiqueront pour la construction suprême, non point par les méthodes tantriques popularisées qui contrairement au «simple» érotisme, n’amènent pas à «se procurer plus ou moins de plaisir, à éviter plus ou moins de peine» [N] jusqu’à annihiler tous désirs, «le soulagement suivant immédiatement les désirs» [N] et ne sont que préparatifs, mais par la véritable Maîtrise de l’Érotisme tel que nous avons tenté de l’analyser.

Ce comprend alors ce texte de la Fleur d’Or, surtout pour celui qui, par la Langue des Oiseaux, sait traduite Orgasme par «j’ai âme pur» (or-g-asme)! «Quand, au moment de l’orgasme, on ne laisse pas s’écouler vers l’extérieur l’énergie des reins», mais qu’on la ramène en arrière par la force de la pensée, de sorte qu’elle pénètre dans le creuset du créateur et rafraîchit et nourrit le cœur et le corps, c’est le moyen de parvenir à l’immortalité et (à) la victoire sur le monde. C’est le but commun de toutes les religions».

La diffusion de l’érotisme  dans la société, sa banalisation [16], tout comme au XVIII° siècle «le triomphe de l’érotisme comme genre littéraire», n’ont-ils pas eu comme conséquence «l’occultation pure et simple de la chose dont il s’agissait pourtant de parler au départ» (Note à [L]): la Quête de «l’Objet qui n’est pas là» (cité dans [N] [17]!... donc, en comprenant les mots justement: «l’approbation de la vie jusque dans la mort [18]».

 Emmanuel-Yves Monin

 

Notes :

[1] Voir Hiérogyphes Français et Langues des Oiseaux, Traité de réintégration des Structures de l’Existence.

[2] A paraître: La Dodécalogie, manuel pratique de Géographie Sacrée.

[3] «L’érotisme est le complément psychologique au fait biologique de la sexualité» (W. Mc Lean – Iconographie populaire de l’Érotisme – Maisonneuve et Larose, 1970).

[4] Les lettres renvoient à la liste d’ouvrages cités.

[5] Le Cercle de Minuit – 6/2/96.

[6] Courrier International 28/3/96: l’Univers  de la littérature clandestine au XVIII° siècle.

[7] Bussy-Rabutin: Amours des Dames illustres (1737, Cologne).

[8] Remarquons que se nommait l’Enfer la partie de la Bibliothèque Nationale où étaient déposés les ouvrages érotiques.

[9] Ch. Bravo – Les Grosses Bêtes, un  érotisme inattendu (M. Lafon, 1993).

[10] Y. et S. Tisseron – L’Érotisme du Toucher des Étoffes (SEGUIER, 1987).

[11] Film de N. Oshima (voir Homosexualité, Hétérosexualité, Sensualité dans notre ouvrage La Voie du Couple (Le Point d’Eau, 1991).

[12] Drukpa Kunley (XVI° siècle). Biographie (Alvin Michel).

[13] D’après J. Hatkins: Le sexe dans la Littérature (Buchet-Chastel, 1975).

[14] Voir spécialement: A de Musset (Gaviani).

[15] Essai sur l’Expérience Libératrice R. Godel (Gallimard, 1952).

[16] Un exemple: «L’Érotisme envahit la mode» dans Casting, Fev.1996.

[17] Le «Soleil intelligible» que Plutarque dit être Eros.

[18] G. Bataille: La Littérature et le Mal.

Bibliographie :
Le «comment» de l’Érotisme se révèle bien systématiquement dans sa littérature classique, dont nous extrayons nos citations:

[A] Le Doctorat Impromptu (A. de Nerciat, 1788).

[B] L’École des Biches (1868).

[C] Érotika Biblion (Mirabeau, 1780).

[D] Fanny Hill, la Fille de Joie (J. Cleland, XVIII°).

[E] Gamiani (A.DE MUSSET, XIX°)

[F] Les Infortunes de la Vertu (SADE, 1786).

[G] Les Instituteurs Immoraux (La Philosophie dan s le Boudoir) (Sade, 1795).

[H] Le Jardin Parfumé (Cheikh Nfzaoui, XVI°).

[I] Lettre à la Présidente (Th. Gautier, XIX°).

[J] La Marquise de Telême ou les Effets du Libertinage (Sade, 1787).

[K] Le Ménage Parisien.

[L] Le Rideau Levé ou l’Éducation de Laure (Mirabeau, XVIII°).

[M] Thémidore (C. G. d’ Aucourt, 1745).

[N] Thérèse Philosophe (Boyer d’Argens, XVIII°).

[O] Vénus dans le Cloître (Abbé du Prat, 1682)… sans oublier :

[P] Un Amour de Belle, Belle Petite Fille (R. Chauvin, 1979).

[Q] Le Désir (Sapho, VII° s. av. J.-C.).

[R] Dialogues de Courtisanes (P. Louÿs, XX)) et Poèmes & Érotiques.

[S] A Model (Anaïs Nin, XX°).

[T] Nouvelles de l’Érosphère (Emmanuelle, 1969).

[U] Les Ragionamenti (Oeuvres de P. Arétin, 1745).

[V] Les Cent Nouvelles. Nouvelles (1786).

[W] Sapho (Daudet).

Voir aussi : Octavio Paz (La Flamme double), R. Bebayoun (Érotique du Surréalisme), M. Tardieu (Trois Mythes gnostiques), A. Moreau (Enseignement Jovialiste), H. Ellis (Études), G. Bataille (l’Érotisme), F. Mauriac (Étude clinique), Majuparia (Érotik Themes  of Nepal), etc., auxquels nous avons fait allusion.

Les illustrations de cet article, extraites de l’œuvre de Pierre Arétin, les Ragionamenti, Georges Briffaud éditeur, Paris 1935, sont de Berthommé Saint André.

Grilles dodécalogiques:

Support de l’érotisme:

Littérature

Créativité

Collections

Enseignement ou discussion

L’autre (novice)

Arts (et publicité)

Jeux et Libertinage

Recherche et «drague»

Jouissance dans métier
ou
avec objet

Auto-érotisme

Contacts

Jouir du jeu

Les conduites humaines:

Recherche intellectuelle

Religion

Sexualité

Erotisme

« Repos du guerrier » : Couple

Relation-émulation (Modèle)

Oubli de soi (humanitaire)

Consommations

Repos-Sommeil

Méditation, drogues, excitants

Espoir

Ascèse

Conditions psychologiques et sociales du libertin:

Indépendance, « Impunité » [J], Intelligence, S’ajuste

Persévérant

Sans principe «au dessus de la réputation» [J]

Désireux de bonheur

N’aime pas (voire déteste les humains)

S’accepte: calculateur, rusé, discret, entremetteur

Ouvert à la vie et au jeu

Sépare corps et cœur

Ne travaille pas (ou vite enrichi)

Connaît religion et morale: prêtre, évêque, supérieur de couvent

Connaît la société: noble, riche

Refuse d’être inconnu, pauvre ou orphelin

Impulsion vers l’érotisme donné en lui par:

Sa Pensée

Désir de connaître l’existence

Désir de connaître l’être humain (lui et les autres)

Besoin de dépassement de soi. Mort ou «petite mort»

Son besoin de contact

Sa curiosité

Sa sensualité

Besoin de domination, destruction

Son Corps

Son imagination (fantasmes)

Ses sens (force, ruse, appétis)

Ses désir (« tempérament »)

Les victimes des libertins:

Masochistes (esclaves)

Bête: ne tire aucune leçon

Imprudent

Croit à la Providence « positive »

Solitaire

Veut la dépendance

Besoins affectifs

Fait confience à l’autre

Pauvre démuni

Crédule

« Bigotisme » (Sade) Principes rigides

Beauté et jeunesse (surtout jeunes filles)

But de l’érotisme:

Réveiller le feu

Maîtriser le Feu

Manipuler le Feu

Jouir du Feu

Retenir le Feu

Chercher le Feu

Jouer avec le Feu

Utiliser le Feu

Accepter le Feu

Conscience du Feu en soi

Perméabilité au Feu

N’être que feu

Littérature et érotisme:

Recherche scientifique (Kinsey)

Surréalisme

Dramatique édifiant (Boccace, La Fontaine)

Jouir du Feu

Plaisirs sensuels (H. Miller)

Stimulant pornographique (Sade)

Dramatique symbolique (P. Arétin)

Spiritualité (Cantique des Cantiques)

Pratique (Kama Sutra)

Paillardise (Rabelais)

Dramatique quotidien (Delly)

Textes tantriques

Les dangers de l’érotisme:

Insulter/Courtiser

Avilir /Louanger

Tuer/Aduler

Marquer/ Être passionné

Agresser / Tendresse

Rabaisser/paroles tendres

Utiliser/Attentions

Viol collectif/Amour fou

Viol / Coït

Enfermer-attacher/Libérer

Souiller/Caresser

Fouetter/Passion physique

D'aprés les recherches de Kronhusen et Atkins:
Le sexe dans la littérature:

Homosexualité, grossièreté, Imagination depuis images extérieures

Aberrations sexuelles. Imagination depuis images intérieures.

Inceste, Orgie. Se servir de l’autre. Education érotique

Profanation du sacré, de la « norme », des tabous

Emprisonnement. Image des noirs, Asiatiques, orientaux

Séduction

Figure parentale séductrice ou permissive

Détruire (l’autre, les normes, etc.)

Flagellation. Meurtrir l’autre

Défloraison.
Destruction de l’autre

Soumettre l’autre (dominable)

Mâles hyper-sexués. Nymphomanes « Diablesse »: égal ou résistant, l’autre dynamise

revue-l-originel-7Article d' Emmanuel-Yves Monin
paru dans " l'Originel " N°7.