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L'année cosmique de La Femme Originelle

(à propos de l'exploitation éditoriale
et commerciale de la Licorne)


rebis-sexualite-et-traditionImités, déviés ou parodiés inconsciemment par les «innovateurs» avec leurs «Année de l'Inde», «Année du Patrimoine», «Année de la Femme», etc., les influx cosmiques sont porteurs d'attributs qui «colorent» des laps de temps plus ou moins longs et influencent les êtres plus ou moins vite et plus ou moins directement suivant leur degré de réceptivité, jusqu'à devenir des «modes» presque générales.

Les scientifiques capables de s'en apercevoir parlent de «champs morphogénétiques» permettant seuls d'expliquer les comportements en chaîne des souris... et des hommes (voir R. Sheldrake : A New Science of Life » et «Actuel», juillet 1983).

L'année cosmique de La Femme Originelle (à propos de l'exploitation éditoriale et commerciale de la Licorne)Pendant le Cycle Cosmique de la Licorne (avant 1981), un grand nombre d'ouvrages furent consacrés à cet Animal Fabuleux, et les affiches le reproduisant depuis les Tapisseries du Musée de Cluny décorèrent même soudain le métro de Paris! C'est ce que Yves Monin notait dans le n°18 de la «Tourbe des Philosophes», ajoutant que le Cycle suivant produisait un foisonnement d'expositions, d'articles ou d'ouvrages sur «l'écriture, le sens des mots, l'origine des lettres et des chiffres» et voyait le renouveau de la «Calligraphie».

La période actuelle, serait-elle celle de la Déesse-Mère (Diane-Isis-Marie, Ishtar), Femme Originelle, Androgyne Primordial? Sans nul doute, à observer outre la réactualisation du buste de Marianne dans nos mairies (et son bonnet phrygien, comme son histoire, l'assimile parfaitement à la Diane Mythologique [1]), la parution de toute une série de livres consacrés à Elle: Le retour d'Isis de J.-L. Bernard (Harriet 1984) – titre «inspiré» curieusement et symptomatiquement, sans rapport avec le contenu, François Nourissier, Témoin d'Isis d'André Vinas (Grasset, 1985), Aspects d'une grande déesse orientale et Marie – analogies et différences in «Marie  et la Fin des Temps» (Etudes Mariales, 1985, O.E.I.L.) de M.J. Seux, Muse et Madone de Stéphane Michaud (Seuil, 1985), De la Belle et la Bête à l'Androgyne ou Diane à la Licorne, d'Emmanuel (Le Point d'Eau, 1985).
«Obligé d'accepter qu'il y a en effet un mythe qui eut cours dans le Proche-Orient pendant probablement deux millénaires et qui a pour thème l'exaltation d'une déesse au ciel.», M.-J. Seux essaye tant bien que mal de réfuter tout parallèle, voire toute origine commune entre la «grande déesse orientale Ishtar» et Marie, afin de glorifier la découverte, l'invention personnelle de sa religion – attitude bien peu traditionnelle ou «catholique» (au sens originel) !

Il triomphe: «Ai-je besoin de le dire, on n'y trouvera un prototype de l'Assomption de la Vierge Marie que si on est décidé à priori à l'y trouver» (p. 25); et certes, avons-nous, nous, besoin de le dire, on n'y trouvera pas ce prototype si l'on n'est pas décidé à l'y trouver! Mais encore faut-il, pour ce faire, beaucoup d'efforts, les parallèles retenus étant si évidents que cette réfutation est, en réalité, une merveilleuse affirmation de ce que l'auteur «craint de voir écrire»: «la première légende d'assomption (...) qui expliquerait que l'histoire de Marie (...) doit avoir eu ses précurseurs et prototypes».

Et comme il ose apprécier, quelques pages plus haut (p. 24) qu'«un traducteur a heureusement compris qu'on ne pouvait maintenir de telles lignes dans l'édition française, et les a supprimées» («bien que les ayant remplacées par le regrettable sous-entendu suivant», etc.!), on peut également soupçonner qu'avec une telle puérile attitude mentale il dut gommer quelques autres parallèles trop lumineux!

Quant à la prétendue différence entre Ishtar qui n'est «pas nommée Vierge mais jeune femme mariée ou non» (p.30) et Marie, il eut suffi de savoir que «vierge» ne signifia jamais autre chose avant l'invention moderne de la notion actuelle de «virginité».
L'année cosmique de La Femme Originelle (à propos de l'exploitation éditoriale et commerciale de la Licorne)Ces pages sont directement soufflées par la même mauvaise foi, la même absence de rigueur intellectuelle, la même stupidité (au sens originel) qui fit qualifier, par Le Monde de la Bible (n° 34), les dieux de l'Antiquité de «Rivaux du Christ».

Stéphane Michaud, par contre, réconcilie les aspects «antiquité païenne et culture chrétienne» (p. 11) et tous les visages de cette «image obsédante: celle de la Femme Madone (...), une idole et le principe, la matrice même de toute religion nommée par Baudelaire la Muse et la Madone.»

Le lien unificateur: «une même perfection sensuelle, le fait d'être à la fois une créature charnelle et idéale». Il découvre cette femme «sainte et sacrée et digne qu'on l'adore» (p. 160) et « en qui se confondent la femme et la religion» dans les œuvres de Jean-Paul, Novalis, Nerval, Goethe, Wagner, chez les Saint-Simoniens, en Madame Bovary, Flora Tristan...

Mais ces exemples choisis, ne furent-ils pas imaginés par des écrivains qui seulement pressentaient l'importance capitale de la Féminité sans l'atteindre, et surtout sans dépasser ou son aspect sexué ou leur propre fixation sentimentale, c'est-à-dire sans atteindre à l'Androgyne qu'elle représente? Certes, leurs femmes sont trop humaines pour être la femme... et la thèse, de ne pas voir cela, débouche sur des inepties «modernes», des notions sociales ou psychologiques, limitées et limitatives, anti-traditionnelles par excellence où se valorisent le culte de l'action et de la création. Citons; «Rédemption sociale» ( !), «Progrès (sic) vers une mystique plus authentique (sic), ouvrant sur la création ( !), dans le passage de la Femme religion à l'Art religion, du culte de la Femme à celui du Beau» ( !)... Sacrifice (sic) d'une «femme dominée par son idée» (idée ou pensée?), «assoiffée de contact et d'action»... Et cette Muse-Madone n'inspirera plus que «l'écriture libératrice» (p. 144) (sic)...
L'année cosmique de La Femme Originelle (à propos de l'exploitation éditoriale et commerciale de la Licorne)Peut-être parce que sans base historique ou littéraire, François Nourissier semble heureusement l'avoir approchée de plus près, cette Femme Originelle, « l'abeille d'Or, la Vierge Mère, Isis» qui est pour lui «l'annonce d'une lointaine et future civilisation matriarcale» (p. 267). Son héros, le sage, le Berger des Abeilles, Capatas, «doit réunir la main d'Isis et celle de la Vierge, assurer le passage de l'une à l'autre vision d'une même civilisation», rappeler que les «divinités païennes cédèrent, sur le terrain, la place au dieu de la nouvelle religion» (p. 251). Synthèse réconciliatrice des thèmes dispersés dans l'œuvre de François Nourissier, le Témoin d'Isis qu'André Vinas a su opérer pour lui et pour ses lecteurs, comme il explique: «A travers l'œuvre du romancier, j'ai eu conscience de composer un nouveau roman, le sien, dans l'univers caché de ses problèmes, de ses personnages et de ses miroirs» (p. 16). Ainsi, «le révélateur, le témoin» de la «découverte de son âme (Jung)» sait-il extraire les données essentielles du «Mythe d'Isis» ou de «Isis Retrouvée», éléments de «la plénitude et du mystère de la femme» (p. 60) ou des jeunes filles dont «le destin (...) est peut-être de guider les jeunes gens orgueilleux».
L'année cosmique de La Femme Originelle (à propos de l'exploitation éditoriale et commerciale de la Licorne)Il paraît évident, sous sa plume, que F. Nourissier, après être parti «à la recherche de l'absolu» et avoir vu «l'absurdité de notre civilisation», comprit enfin que la femme seule pouvait sauver l'humanité («car jusqu'à ce jour, Adam n'a pas su faire à Eve la place qu'elle mérite» (p. 225)).

Hélas, ici encore, l'erreur se glisse et la conclusion de s'opposer à la vérité traditionnelle (possibilité du Libéré-Vivant promise par le Christ, Androgyne, «dans ce monde», même si «plus de ce monde», réalité incarnationnelle du Bouddha, du Prophète, etc.): «Cette femme doit payer de son corps l'esclavage que l'homme lui impose, son impossibilité à s'épanouir dans la contrainte d'une société mal faite» (p. 227). Non!... « u n'insulteras pas au siècle, parce que lui-même est Allah» (Coran); «la Voie est parmi la matérialité; elles ne se gênent ni ne se nuisent mutuellement» (Houei-Nêng).
L'année cosmique de La Femme Originelle (à propos de l'exploitation éditoriale et commerciale de la Licorne)Certes, elle paye «son éventuelle faute», dit l'auteur, mais sans appréhender, par ce constat, le fait que Eve n'est pas la Femme Originelle, n'est pas Lilith, Isis, Marie et que l'héroïne Angelika n'est qu'un petit ange (et justement A. Vinas use de la Langue des Oiseaux pour décrypter les personnages par leurs noms). Ecoutons, citée dans le roman, la perception traditionnelle de G. de Nerval: «Je suis la même que Marie, la même que ta mère aussi que sous toutes les formes tu as toujours aimée. A chacune de tes épreuves, j'ai quitté l'un des masques dont je voile mes traits et bientôt tu me verras telle que je suis.»

Certes, «pour atteindre au mythologique, il suffit d'ouvrir les yeux» (F. Nourissier); mais là, les buées d'une vision personnelle faussent souvent la vision universelle! Les projections idéales sur un être n'en font pas une divinité, s'il ne l'est déjà; une divinité n'est pas en voie d'épanouissement, contrairement à un humain; et un humain, aussi vertueux soit-il ne peut être Modèle de l'Androgyne ou Guide impunément!

La vraie Mère Primordiale, le vrai Sage n'évoluent pas dans les «à-peu-près» («Angelika, quelque peu sorcière (...) Capatas croit que (...) Il n'a peut-être pas tort»).

La Mythologie ne s'invente pas à partir des actions, des pensées et des espoirs humains. Elle est méta-physique et inspirée au «poète» (dans le sens originel du mot), non à celui qui veut créer.
L'année cosmique de La Femme Originelle (à propos de l'exploitation éditoriale et commerciale de la Licorne)Voilà pourquoi seuls des textes traditionnels [2] ou des études sur des thèmes traditionnels ni sentimentales ni partiales [3] peuvent offrir à ceux que cette Image Archétypale a su «toucher» un espoir positif et un modus vivendi adéquat pour l'atteindre et non une désespérance «moderne», des modèles suicidaires (Montherlant, etc.), la négation du sens de la Vie.

Alkaest alias Emmanuel-Yves Monin

 

NOTES:

[1] Voir pages 81 et 83 in Diane à la Licorne (op. cit.) et son parallèle avec également la Marseillaise figurée cette même année sur les pièces de 10F! Ajoutons depuis la rédaction de ce texte, que sont parus: le timbre-poste La représentant et les livres suivants: le retour de Lilith (J. de Gravelaine, Ed. L'Espace Bleu), Raconte-moi Marianne (M. Giraud, Ed J.C. Lattès), les cavaliers de Marianne (M. Caralli, Ed Hachette). Notons également l'enregistrement public par France-Culture, en décembre 1985, d'une émission sur «Lilith», la parution d'un nouveau magazine intitulé Marianne, la diffusion de la poupée Golden Girl, Déesse primordiale au char tiré par une Licorne aux yeux et à la corne électrifiés, enfin Premier Carnaval (Cortège de Diane-Isis) de Venise à Paris (et timbre-poste commémoratif).

«En cette Année Cosmique de la Déesse-Mère, Ses fêtes ancestrales ont été marquées, comme cela se devait (!) par au moins deux cérémonies exceptionnelles: non point des cérémonies planifiées humainement, mais des événements ''normaux'' qui se révélèrent soudain adéquatement ''inspirés'' pour Son culte.

En effet, dans Cannes, la ville qui blasonne Sa Palme, nouveau navire des Fêtes Isiaques, le Galion du film ''Les Pirates'' vient d'être exposé et la foule qui l'entoure sans cesse peut y lire le message initiatique sculpté et vieil or sur la proue, la poupe et les flancs à partir des dessins des conservateurs de l'iconographie traditionnelle (ceux qui firent les ''grotesques''). Comme le Roi Soleil, à l'encontre de toute ''logique'' et ''économie'' lançait jadis sur les mers ces ''demeures alchimiques'' avec leurs sirènes, dragons, cariatides, leurs mâts et autres symboles numériques ou architecturaux!

A aller décrypter sur place ou à savourer, suivant que l'on est contemplatif ou fidèle d'herméneutique!

Quant à la face active des Fêtes Isiaques, elle eut lieu de manière impromptue à Brancion (S. et L.) où, comme chaque année et en maints lieux aujourd'hui, s'allument les feux solsticiaux. Pierre de la Crau, fondateur du FLG Triscèle, avait convié quelques ''druides'' et celtisants dont l'un, le Pendragon: Michel Cornudet, du Grand Chêne Celte, avait fabriqué une statue de Dana, la vierge noire des Celtes.

Des touristes, des sympathisants, des villageois, des journalistes emportés par la joie de la fête se couvrirent rapidement de couronnes de fleurs et de feuilles, de tissus colorés ou de robes blanches et un Carnaval on-ne-peut-plus «païen» – à l'image des cortèges de Diane-Isis et non pour touristes coincés ou gens chastes! – éclata pendant 2 jours et 2 nuits aux sons des tambours, des binious, des chants d'honneur à la Déesse et à la joie de Vivre... remplaçant les déjà conventionnelles réunions folkloriques bon chic, bon genre, de ce rite des adorateurs de la Divinité Originelle.
Hoe Dana! Ho-I-O-Oe Dana Hoe!»
P. Fioretti.
L'année cosmique de La Femme Originelle (à propos de l'exploitation éditoriale et commerciale de la Licorne)
[2] Hymnes à la Déesse en Inde, Ed. Soleil Noir, 1980, etc.

[3] J. Baltrusaitis: La Quête d'Isis, Ed Olivier Perrin, 1967; R. Guénon: Le Symbolisme de la croix, Ed. Véga-Trédaniel, Symboles fondamentaux de la science sacrée, Ed gallimard; J. Evola: Métaphysique du sexe, Ed. Payot; M.-F. Nouveau-Piobb: Hécate, Ed. Omnium Lit. 1961; Emmanuel: Le message des Tapisseries de la Dame à la Licorne, 1979 et Diane à la Licorne, Ed. Le Point d'Eau, 1985.

 

 

Article par Alkaest alias Emmanuel-Yves Monin,
paru dans la revue "Rebis", 1987, N°11.

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La Voie Initiatique de
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Article
d'Emmanuel-Yves Monin
paru dans la revue
"Rebis" 1987 (N°11)

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Depuis l'origine des temps et dans tout l'univers, les humains ont toujours honoré
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