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Les "Derniers Trouvères"
et
la mythologie française

Les Trouvant, via Internet, certains de mes livres mentionnés deux ou trois fois comme sources d'inspiration de leurs chansons [1], j'ai découvert avec beaucoup de joie un corpus particulièrement adapté à notre intérêt pour la Mythologie française, dans le répertoire du groupe médiéval "les Derniers Trouvères". En effet, leurs chansons sont d'une richesse incontournable...

Omniprésent dans les Fêtes publiques de nos villages ou dans les concerts privées donnés par des amateurs inconditionnels du Moyen âge dans leurs châteaux, ce groupe a, de plus, rassemblé ses "morceaux choisis" en plusieurs cassettes et C.D. aux titres bien édifiants, prouvant ainsi la conscience qu'ils ont de faire partie des transmetteurs de cet "héritage fabuleux" que colportèrent avant eux "bardes, troubadours, trouvères, minnesänger": Échos de Brocéliande et d'ailleurs, Un fabuleux Héritage..., Cluny, ville éternelle ..., Provins la magnifique... Y sont jointes les paroles de leurs chansons, en des carnets tout à fait dans l'esprit des moines calligraphes de jadis, paroles qui surent toucher la Sorbonne elle-même, fief pourtant austère et limité aux études intellectuelles! N'y furent-ils pas accueillis par deux fois lors de colloques spécialisés? Sur les Fidèles d'amour, en Mars 2001, et sur le Plurilinguisme au Moyen âge, en Juin 2005...

Les "Derniers Trouvères"et la mythologie françaiseC'est pourquoi je me suis penché sur ces textes, composés principalement par Florian Lacour et Roland Deniaud [2], ce dernier, de plus, chanteur et musicien du groupe (mandoloncelle, hautbois à capsule, flûtes, dulcimer). À côté de quelques titres "traditionnels", c'est-à-dire originaires de notre patrimoine ou de la mémoire de peuples anciens ayant influencé notre Moyen âge (pays arabes principalement), nous trouvons des paroles et des mélodies composées actuellement, mais en parfaite adéquation avec eux; non point des imitations, ni par le langage, ni par les sonorités, mais par "l'esprit": "des textes profonds et bien documentés", lit-on dans le magazine "Médiéviste" (Avril 2005). Il est vraiment notoire que tout ce que nous connaissons intellectuellement de la mentalité de cette époque s'y trouve transcendé, ramené à sa source méta-physique; on croirait souvent lire les mêmes conclusions et thèmes que chez les Maîtres ou les troubadours des XIIe au XVIe. siècles, les Abélard, Dante, Péire Cardenal, Guiraud de Borneil, Maître Eckhart, Rûsbehân ou Ibn''Arabi, surtout dans la filière nommée jadis, en Islam iranien et dans nos pays européens, des "Fidèles d'amour" de "fine amor"... Henri Dontenville, qui fonda la Société mythologique française dans les années 50, constatait bien que "la mythologie française a trouvé son originalité au Moyen age".

N'insistent-ils pas eux-mêmes, ces Derniers Trouvères, sur ce fait, dans les introductions de leurs enregistrements, comme dans certaines chansons: "les Anciens ont laissé des contes et des Légendes, (...) des œuvres qui réveillent (...), des paroles fort sages (...) qui comme nous, Troubadours, traversèrent tous les âges. Eh bien! Colportons ce fabuleux héritage!" (Isline Dhun)

Voyons en quoi consiste précisément l'équivalence évidente entre ces textes édifiants et la Mythologie française; mais,  auparavant, rappelons rapidement quelques données de base sur ce dernier sujet: cela me paraît essentiel, en effet, vu les erreurs intellectuelles répétées et dans les dictionnaires, et, parfois, par certaines personnes sans rigueur intellectuelle suffisante...

DES MYTHES, DES CONTES ET DES LEGENDES :

Les “Derniers Trouvères”  et la mythologie françaiseSouvent rejeté par une grande part de la mentalité moderne moutonnière et décadente comme étant généralement synonyme de "mensonge", le Mythe n'en est pas moins considéré par d'autres comme le précieux reliquat des bases de notre civilisation humaine; il est symptomatique de voir que les Contes et les Légendes continuent ainsi à êtres véhiculés, sans peut-être toujours beaucoup de conscience de l'impact de cette transmission, par les parents à leurs enfants et par les écrivains ou les cinéastes. Un manuel pour réussir à écrire des histoires commerciales ne conseillait-il pas, jadis, de structurer ses écrits sur des mythes, histoires bibliques ou contes de fées?

Et le succès des films Star Wars et Matrix, certains ne l'attribuent-ils pas au parallèle de thèmes avec les récits mythologiques classiques?

Pourquoi? Parce que les thèmes exposés dans ces oeuvres sont des thèmes éternels, constitutifs de l'être humain, et qui, par conséquent ne peuvent que "toucher" chacun dans ses intimes pensées et convictions; suivant, cependant son degré d'ouverture et de réceptivité et d'acceptation de sa "petite voix intérieure",  de ses "intelligences" directrices nommées instincts, intuition ou inspiration...

Écoutons D.Kouyaté, au sujet de son film "Sia, le rêve du Python: "Les vieux mythes (...) sont toujours actuels; chaque jour, inconsciemment, nous les reproduisons"; et de rappeler judicieusement que la fusée lancée pour la conquête spatiale fut nommée Ariane; ajoutons nous: après l'échec d'Europa... et les noms proposés tous très mythologiques: Phénix, Véga, la Lyre, le Cygne...

Le Mythe, ainsi, est la mise sous forme d'histoires des schémas universels de "bonne" conduite humaine, pour parvenir à l'harmonie et au bonheur dans l'existence. Des vade-mecum mémorisés servant alors de "pense-bête" portatif pour faire face aux Épreuves (identiques à celles des héros) sur le chemin du But à atteindre. Peu nombreux sont-ils, écrivait Saint-Exupéry (Citadelle); des thèmes éternels: "l'amour, les trésors invisibles, le sacrifice, l'universel".

D'extra-ordinaires aventures, toujours, afin de frapper le mental et d'en incruster le souvenir dans la mémoire; mais également  des "superstitions", des jeux (de billes, de cache-cache, de chasse au dahu, de dames, etc.)

Pourquoi cela? Afin de rétablir la conscience, par ce rappel, de cet autre jeu, jeu primordial, jeu de l'amère Loi (disent les Alchimistes par la Langue des Oiseaux !), ce Jeu de l'Oie qui expose les étapes éternelles et universelles de toute existence humaine, pour protéger des faux-pas, des conduites erronées, de l'incompréhension des Épreuves rectificatives et dynamisantes; pour  nous  apprendre à écouter les Fées, les Dieux, les Amis, les Signes du Destin! Elle est caractéristique, pour étayer cette conclusion, la fin de  tant de nos Contes de fées! Que lisons-nous, en effet? Ils se marièrent, vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. Quiconque a conscience des symboles (et on ne saurait explorer les Mythes sans cette capacité naturelle d'analogisme) transcrira ces trois résultats de toute expérience, de toute aventure humaine dont il est, bien évidemment, lui-même le Héros, par: Unité autonome, Bonheur, Déploiement.

Ceci compris, la Mythologie étant, par définition, l'étude des Mythes, nous serons conduits à différencier ceux-ci des histoires de l'Histoire, tout en percevant souvent leur origine commune. Jacques Bourlanges [3], lui qui avait su déceler dans la géographie de la France, le lien objectif extra-ordinaire entre les images mythiques ancestrales et les lieux, citait G.Duhamel: "Ainsi que tous les gens sérieux, nous ne croyons pas à une vérité historique intangible, mais nous croyons à une vérité légendaire".

En prenant des exemples "caricaturaux", c'est-à-dire bien explicites, nous remarquons que les mythes proposés par Homère, ainsi que tous les mythes grecs, montrent les dieux comme des symboles cachés d'éléments physiques, de pulsions innées ou d'impulsions psychologiques réactives et compensatoires en activité dans toute la manifestation; nous retrouverons cela sous d'autres termes moins énigmatiques dans le Voyage du Pèlerin de Bunyan, où le Héros rencontre directement les Allégories que dissimulaient ces dieux: Discrétion, la Ville de vanité, la Cité céleste, M. Perfide, M. Voluptueux, M.Plein d'espoir, Appolyon "l'ennemi", Païen, etc. Mais notons que des lecteurs qui refusent la symbolique, pour des raisons parfois fort névrotiques, ont affirmé, depuis au moins Palaiphatos, un disciple d'Aristote, que ces mythes étaient des réalités historiques: les Centaures; des cavaliers; Noé et son Arche: un naufragé après un raz-de-marée,  et les dieux: des envahisseurs venus d'autres planètes.

Je pense que la spiritualité, au-delà des religions, tout comme la mode actuelle new-age ou post-new-age des Champs morphogéniques et du paradigme holographique permettent de dépasser cette ambiguïté d'interprétation. On a désormais au moins acceptée cette hypothèse: tous les événements ont une trame sous-jacente inaltérable; toutes nos actions sont sous-tendues par un petit nombre de pulsions vitales inaltérablement identiques! C'est cela que les Mythes exposent par des histoires systématiquement semblables pour qui sait les lire de manière symbolique et surtout "anagogique", c'est-à-dire, pour reprendre la définition de Dante:" un super-sens,... une signification dans le domaine plus élevé de la gloire éternelle" (Banquet).

Au fil des temps, les définitions des dictionnaires évincent de plus en plus le sens réel des mots Mythes et Mythologie, dénaturant ces termes, renversant le concept, pour ne plus leur faire signifier que "symbole sous lequel se cache un fait historique"....

ET DANS LES CHANSONS des Derniers trouvères..., que découvrons nous? [4] Les protagonistes (héros, lieux, objets) mythiques et les thèmes de toutes les mythologies du monde, à savoir les itinéraires vers le But ultime, à travers les 4 types d'Epreuves traditionnelles... Ces Itinéraires obligatoires sont nommés, dans les Traditions, ceux du :

CHEMINEMENT INITIATIQUE.

Puisque pour tous les êtres, une même nécessité existe.... d'exister, d'être poussé à "vivre", bien malgré soi!, nous entendons les Derniers Trouvères chanter: "Je ne sais pas très bien pourquoi je suis sur cette route. L'appel était plus fort que moi" (Kintia Appavou).

L'appel? Celui du "souffle" qui anime et "fait avancer ainsi toujours": les "rythmes de l'Amour" (Marie Milliflore, Spacido)...

Voici, pour illustrer cette base de tous Contes et de tous Mythes, qu'ils nous présentent un Héros du XXe. siècle, invention ou témoignage de l'écrivain bourguignon Henri Vincenot: c'est "le Pape des Escargots" qui retrouve la force "de la Vouivre" (des énergies telluriques, dira-t-on aujourd'hui), elle qui conduit le pèlerin, le Chevalier, à "l'adventure" (= "advienne que pourra"!).

C'est bien là le portrait-robot du Héros qui "sans effort", sans idée préconçue, laisse l'énergie de "la grande Vouivre animer" son corps, laisse la Vie le conduire "de village en village, de haut lieu en haut lieu" (Florian Lacour).

Que sont alors, pour nous mythologues, ces Lieux où le mythique Trouvère, c'est-à-dire chacun de nous, pérégrine "au gré du vent"... de l'Esprit, "Dame Fortune (le) guidant"? (Roland Deniaud). Des lieux mythiques, des "centres de passage", ces étapes où le Héros rencontre les Dragons, les Aides, le Roi; en synthèse, les protagonistes des "problèmes"! Comment échapper au Labyrinthe pour le mythe Grec? Où trouver la Robe tissée de lune ou quelque autre objet impensable de "nos" Contes de Fées? Comment "gagner" la liberté, la fille du Roi, vaincre le Dragon, découvrir le Trésor? Voir le Graal en fin de sa Queste, pour le Chevalier de la Table ronde? Dans l'introduction d'une de leurs chansons, les Derniers Trouvères exposent bien leur compréhension du sens allégorique de ces Protagonistes mythiques: "la fée Mélusine, de même que le géant Gargantua est une véritable personnification de la Vouivre, qui symbolise l'énergie de la terre (...), image de l'unité des ténèbres et de la clarté", "Mère humaine, Mère divine, Mère Lumière" (Marie Milliflore et Roland Deniaud).

Tarasque ou Bête faramine qui donne la force à toutes les créations du terroir, ils la nomment eux aussi, très traditionnellement: Mère bâtisseuse. C'est l'Energie essentielle qui propulse tous les héros "classiques" de notre Mythologie française: grâce à elle, ils construisent des ponts, des tumulus, érigent des pierres, fendent les montagnes (Roland à Roncevaux), "lancent" des rochers inattendus (Gargantua)... ou des écoles (Charlemagne!). St Michel, Sainte Marthe, notent-ils, surent la maîtriser, comme tout véritable héros mythique. C'est le Zeus accepté par Enée, et tous les dieux subalternes, tous les héros ou demi-dieux de la Grèce, les inspirant, puisque étant leur Père à tous; c'est le Créateur Brahmâ aux mille avatars, Vishnu, Shiva, Sarasvatî, Indra, Agni..., qui,  comme eux,  "emmènent captive" cette énergie de Vie dans leurs "cœurs" et dans leurs "corps" partout où ils vont (Florian Lacour).

Cette Vouivre [5] de notre patrimoine, c'est le Principe des principes, la Source ontologique de toute manifestation terrestre, le "dieu" du Christianisme. Symboles et noms variés pour une unique, éternelle et universelle réalité! Nombre  de ces chansons que nous étudions révèle un autre nom de cette Énergie primordiale qui "donnant le pouvoir d'ouvrir les yeux et de voir", dynamise à composer, à chanter, à... trouver (c'est le rôle du Trouvère, bien évidemment!): l'Amour...  L'Amour véridique, pas l'amour captateur égocentrique! "Vouloir aimer est grand ennemi d'Amour". Oui! c'est seulement "l'amour vrai du fin amor" qui dépasse "les limites des cultures et des temps", qui est "transcendance", "éternité", Âge d'or. "L'amour véritable du Beau, du Sage, du Bon", un "don" de Dieu! (M.M. F.L. R.D.).

LES HÉROS DE CETTE ENERGIE-VOUIVRE :

Chanteurs dédiés au Moyen Âge, il n'est pas surprenant de découvrir que les Héros de leurs chansons sont les Héros de cette époque, époque mythique elle-même, grâce aux écrivains romantiques qui surent rappeler à la conscience du public ses valeurs édifiantes (voyez l'excellent site internet sur George Sand et le Moyen âge).

Mélusine, Merlin, Héloïse et Abélard, Pierre le Vénérable, "Thibaut de Champagne, le légendaire", Esmeralda, Bacchus, la Dame à la Licorne,  y sont replacés au sein de leurs Lieux mythiques: Forêt de Brocéliande, "Cluny, ville immortelle", Beaune, Chapaize, Autun, Paray-le-Monial" (F.L.), avec leurs "milliers de Monastères, d'Ermitages et aussi de chapelles, d'églises et d'autres abbayes". Avec eux, ils vont "par les routes, par les chemins" de France, humant les parfums de la célèbre Rose de "Provins la magnifique", s'enivrant du "vin de l'Amour", honorant, en écoutant le ros-signol"  (le "signal d'Eros", traduisait le Moyen âge, "le symbole d'amour de tous les temps"!) les "fontaines de nos villages", souvenirs des Sources sacrées et, principalement, la Fontaine aux Croix, ce haut-lieu du légendaire bourguignon. Le tout replacé dans le contexte des grands mythes historiques de notre Patrimoine, des "modèles civilisateurs": "la Trêve de Dieu, la Fête des trépassés, la Diplomatie", le "fameux arc brisé" (Florian  Lacour), le rayonnement de l'architecture religieuse.

Les “Derniers Trouvères”  et la mythologie françaiseNous insistons: ils ne nous proposent pas des recueils anecdotiques ou historiques! "Pas d'éloges funèbres, pas de requiescat in pace"!... Non!  Chaque héros revalorise son cadre, rappelle par son action la démarche essentielle de tout être humain conscient du sens de l'existence: "notre existence est comme un pèlerinage..."(F.L.) ; en acceptant de voir et de dépasser ainsi nos certitudes bornées "mesquines et moribondes", de fuir les "gens qui nous agacent" (F.L.), en écoutant "quand la Vie (...) appelle".

Alors, nous assurent-ils, on peut vibrer de la joie de vivre en amoureux de la Terre, des paysages variés de la France; et ainsi, chante l'un d'eux, je déclare ma "flamme à tous ceux que j'aime", cette Flamme qui extrait de la "flemme"! (F.L.)

LES ÉPREUVES :

Ce ne sont pas des optimistes béats, ces Derniers Trouvères; chez eux, pas de ces chansons d'amour fades et stéréotypées où les conflits ne conduisent qu'à la mélancolie! Non! Ils ne suivirent pas la décadence de la Poésie; ils surent retrouver l'héritage des Fidèles d'amour qui exposèrent la nécessité de dépasser les amours pour l'Amour, de concevoir les souffrances des Épreuves comme des propulsifs vers leur dépassement intelligent, vers l'Unité qui ne dépend plus des béquilles sentimentales! "Laissons tous les maux de côté, cessons ces histoires vaines" (K.A.)

Ils nous offrent "des œuvres qui réveillent", "des paroles fort sages" (I.D.) en utilisant la méthode "apophatique" chère aux grands penseurs du Moyen âge (la voix dite "négative"): ne nous exposent-ils pas pour amener notre réaction d'intelligence, les méthodes "pour être plus malheureux" et plus malade : se détester, détester autrui, détester l'existence... (F.L. R.D).

Pour un identique résultat, les voici qui nous font rencontrer les persécuteurs, les chasseurs de sorcières, les pourchasseurs de ce que l'éternelle anti-tradition nommait les "Hérétiques", rappelant ainsi, a contrario, les Maîtres exceptionnels de notre passé: Giordano Bruno, Galilée, Jacob Böhme, Maître Eckhart, Pic de la Mirandole, etc., ceux qui surent maintenir "les vérités premières" (F.L.).

Les “Derniers Trouvères”  et la mythologie françaiseOn le comprend: ces légendaires Épreuves que divulgue tout récit mythologique, ce sont des catalyseurs de leçons, de prises de conscience, de révélations: subies par les humains, elles le sont également par les Chefs d'œuvre; Florian Lacour nous le mentionne en évoquant "les Barbares", "les Vandales" qui détruisirent Cluny et rejetèrent ses "trésors de connaissance"...  Tous des jaloux, des "fourbes, des malfaisants, des médisants" comme "ce Bernard de Cîteaux, jaloux des hautes destinées d'un Cluny rayonnant sur tout notre Occident"! Heureusement, les Aides de la Providence affluent pour aider le Pèlerin en sa Queste: que ce soient les paroles sages "retranscrites en partage de la bouche des Abbés et des Moines", ou les "splendeurs du passé" qui donnent  le "feu sacré qui pousse à édifier", ou ces ondes mystérieuses qui font "sortir nos âmes malheureuses de la gangue qui meurtrit" (F.L.). Tout comme nous aident ces chansons intelligemment écrites et magnifiquement chantées grâce à ce même "feu sacré"!

LE BUT ENSEIGNÉ PAR CES MYTHES ?

Voici bien où la véritable Mythologie se révèle plus précisément: les paroliers nous indiquent bien que "rien n'est à regretter", que Cluny maintient "un trésor caché" pour ceux qui savent dépasser l'historique, voir l'essentiel sous les apparences, sortir de "la gangue qui meurtrit" (F.L.) se rappeler les vérités universelles que le Cœur connaît bien, ontologiquement: la mémoire retrouve dans ces œuvres et ces chansons la "plénitude devant tout ce qui est né du grand Cœur déployé des artistes et de l'oubli des cuistres"; et c'est alors, rasséréné, que se retrouve "ce calme qui fortifie les âmes" et, de là, "l'élan de la vie et l'espoir" (F.L.). Oui! C'est "le sens de la vraie vie" que ces Derniers Trouvères ne cessent, avec et comme les récits mythologiques, de nous rappeler par leurs chansons; là "les miracles sont partout" (ce que par la synchronicité, à la mode aujourd'hui,  on  redécouvre!).

Leur conseil unique et commun pour dépasser ces Épreuves, cette nécessité des Épreuves? La conscience du sens de celles-ci: voir nos limitations, notre Vanité revendicatrice et exigeante; ils expliquent: "vous vouliez tant combattre, rabattre"..., "vous aviez tant souhaité, voulu" ceci ou cela... Trop d'extériorisation (de merveilles, de déploiement), trop de trésors visibles nuisent à la tranquillité! Suscitent trop de convoitise! "Croyez vous que l'on aime l'autre qui tant nous émerveille? En vérité non pas! On n'aime que le meilleur de soi" et on en vient parfois à "conspuer qui ne pense pas comme soi", voire à "vomir un venin douloureux" contre autrui, bien à l'image de nos Dragons, géants et Ogres des Contes!

Et cependant..., "à vouloir plus toujours nous entraîne l'amour" (F.L.); sachons alors choisir notre manière de vivre! Comme la Dame à la Licorne le résume: "mon seul désir c'est le soleil qui luit, c'est la Vie" au cœur du "jardin secret", en compagnie de la Licorne, et du Lion...

La symbolique de ces Êtres mythiques est suffisamment connue aujourd'hui pour que l'on comprenne: "Le Lion, c'est le Corps, la Licorne, c'est l'Esprit et la Dame n'a pas d'autre nom que celui d'âme" (disent les Alchimistes et... ma pièce de théâtre sur ce thème!). Dans cette plénitude retrouvée, le Bonheur rayonne, bien évidemment: "C'est la chaîne de l'Amour", cette antique chaîne des êtres humains (voire entre hommes et animaux) attenante à tant de nos légendes: "ainsi il vibre toujours, cet Amour au grand renom"; c'est l'opposé du Mythe du Diable, de Méphistophélès... C'est le collier de "perles à lui serviles" de la fine amor soufie qui donne "cognaissance d'éternel présent" (F.L.)...

LE GRAND MYTHE :

Si l'on dépasse un instant les chansons proposées, nous sommes face à face avec le plus grand des Mythes qu'ils nous exposent; ces ... Derniers Trouvères nous rappellent le plus proche de nos "âges d'Or", cette époque idéalisée depuis un peu plus d'un siècle à partir de ses chefs d'œuvres et de ses Maîtres à penser. Ils nous disent: le Moyen age fut "le temps où la joie était dans le partage et l'entente et le maintient toujours rayonnant", un "temps de bonheur (où l'ont) inventa mille choses" (F.L.). Les entendre,... et surtout les voir chanter dans les Fêtes diverses prouve que ce Mythe du Moyen âge est un propulsif enthousiasmant. Imiter les Héros, voilà ce que sous-entendent les Contes et les Légendes de notre patrimoine mythologique (et tous les autres également!): faire face comme eux aux Epreuves en utilisant tout de suite le modèle salvateur de leurs expériences, et savoir accepter les Aides de la Providence, après en avoir décelé les fausses apparences!

Tous leurs spectateurs semblent recevoir cette Sagesse communicative par osmose; leurs visages s'éclairent; ils se joignent à eux sans la froideur habituelle aux relations modernes; pour chanter, pour parler...

Et, pour certains qui avouent et montrent même connaître leurs chansons "par cœur", l'existence en fut changée! N'est-ce pas le but de tous les Récits dits mythologiques?

Emmanuel-Yves MONIN


NOTES :

[1] Retourner à l'Amour, la Dame à la Licorne, Message d'Amour...

[2] "La majorité des textes de nos chansons est écrite par deux médiéviste: Florian Lacour et Roland Deniaud."
(site internet: florianlacour.free.fr et lesdernierstrouveres.com).

[3] Jacques Bourlanges:  Le Ciel est sur la Terre (S.P.R. Aix, 1977)

[4] Quelques-uns des Titres choisis pour nos citations: Fabuleux Héritage, Caravane, la Vouivre du Pèlerin, la Ritournelle des hérétiques, Par les routes par les Chemins..., Comment être plus malheureux..., la Rose de Provins, Cluny, comme une Fleur..., Cluny et les Barbares...

[4] Régor R. Mougeot et Kintia Appavou: La Vouivre, un Symbole universel. Éditions Table d'Émeraude, 1993.

 

Article d'Emmanuel-Yves Monin publié dans:
La Lettre d'Ile-de-France, Mythologie en Parisis et en France
Oct, Nov, Dec, 2005, N°56.

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la Mère Universelle,
figure allégorique féminine, omniprésente dans toutes les civilisations sous de multiples noms et d'innombrables formes. Depuis l'époque des Vénus paléolithiques, des Déesses-Mères de l'Antiquité jusqu'aux représentations laïques modernes, au centre de toutes les religions, ces figures mettent en avant toujours les mêmes attributs, révélateurs des fonctions qu'elles occupent.....

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